Plain Talk 16Femmes et filles autochtones disparues et assassinées

Plain Talk 16 | Femmes et filles autochtones disparues et assassinées
Chapiter 1
Femmes et filles autochtones disparues et assassinées
La plupart d’entre nous n’aura jamais à s’inquiéter de savoir où trouver son prochain repas, où obtenir l’argent nécessaire pour vivre ou où dormir. Nous ne comprenons pas ce que signifie de craindre en permanence pour sa sécurité physique et d’avoir trop peur de contacter la police. Seules, facilement abandonnées. »
— Abandonnées : Rapport de la Commission d’enquête sur les femmes disparues, 2012
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Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées
Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées

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Le rapport final contient également quatre conclusions générales relatives à la reconnaissance des droits : la culture en tant que facteur de sécurité, la santé et le mieux-être, la sécurité humaine et la justice. Les 231 Appels à la justice du rapport final comprennent des recommandations destinées aux gouvernements, aux institutions, aux industries, aux fournisseurs de services, aux partenaires et à tous les Canadiens (Donner vie aux Appels à la justice, Plan d’action pour mettre fin à la violence envers les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQQIA+ des Premières Nations, 2021).
Forsaken. Il s’agit de l’histoire des femmes disparues et assassinées. Le 3 juin 2019, les commissaires de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA) ont publié leur rapport final, intitulé Réclamer notre pouvoir et notre place, qui aborde les nombreux problèmes qui contribuent à la crise des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées au Canada. Il cerne quatre thèmes principaux, la reconnaissance des droits, la justice, la sécurité, la santé et le mieux-être, qui sont regroupés dans les 231 Appels à la justice. Ce parcours a été long.

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La violence contre les femmes et les filles autochtones a été qualifiée d’« épidémie » par le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et de « génocide » par l’Enquête nationale. Dans son rapport final, la commission de l’Enquête nationale (2019) affirme que « le dénominateur commun de ces statistiques est que la violence contre les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQQIA autochtones n’est pas un problème qui touche uniquement certaines personnes ni certaines communautés, mais bien qu’elle est motivée par des facteurs systémiques, comme la marginalisation économique, sociale et politique, de même que le racisme, la discrimination et la misogynie » (p. 61).
Dans le document Le chemin de la guérison (2021), l’Assemblée des Premières Nations demande à tous les partis politiques et candidats d’approuver un financement direct et ciblé pour lutter contre la discrimination systémique à l’égard des femmes et du genre des Premières Nations (Le chemin de la guérison, 2021).
Two-Spirit, Lesbian, Gay, Bisexual, Transgendered, Queer, Questioning, Intersex, Asexual.
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Une sélection de rapports
Pendant de nombreuses années, l’Assemblée des Premières Nations a fait pression pour obtenir le lancement d’une enquête nationale sur la crise des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées. L’APN demandait une enquête qui adopte une approche « la famille d’abord » centrée sur des mesures et des solutions et qui exige de tous les gouvernements et services de police qu’ils assument leurs obligations de protéger les droits humains fondamentaux des femmes et des filles autochtones. Les conclusions suivantes soulignent la nécessité d’un soutien, d’un plaidoyer et d’une sensibilisation continus face à cette épidémie.

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Selon le Comité permanent de la condition féminine (2009)
- En 2009, les femmes autochtones étaient presque trois fois plus nombreuses que les femmes non autochtones à déclarer avoir été victimes d’un acte de violence.
- La plupart des actes de violence perpétrés contre les femmes autochtones n’ont pas été portés à l’attention de la police ou de tout autre service officiel d’aide aux victimes.
- Au Canada, le nombre disproportionné de femmes autochtones disparues ou assassinées est un phénomène distinct qui met en évidence la vulnérabilité de ces personnes.
Nous vivons dans un pays dont les lois et les institutions perpétuent les violations des droits fondamentaux, ce qui mène à un génocide envers les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQQIA autochtones. »
— Marion Butler, commissaire en chef de l’Enquête nationale sur les FFADA
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Forsaken: The Report of the Missing Women, 2012
Ce rapport a été publié par la Commission d’enquête sur les femmes disparues et assassinées du quartier Downtown Eastside de Vancouver entre 1997 et 2002. L’enquête était limitée aux enquêtes menées par les services de police et à la formulation de recommandations visant à modifier la conduite et la coordination des enquêtes sur les homicides. Le rapport décrit aussi en détail et avec beaucoup de force la situation des femmes — leur identité, leur situation, les raisons de leur décès, les preuves du modèle de violence prédatrice employé et le manque général d’intérêt de la police et du public.
Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées
En décembre 2012, l’Assemblée des Premières Nations a demandé une fois de plus le lancement d’une enquête publique nationale. Dans le document Demander la justice et le respect des droits: Une stratégie pour mettre fin à la violence à l’encontre des femmes et des jeunes filles autochtones, l’APN déclare :
Il existe un besoin immédiat et pressant de demander justice pour les femmes et les filles autochtones au Canada et de veiller à ce qu’elles aient les mêmes chances de voir leurs droits respectés, quel que soit leur lieu de résidence.
En 2013, tous les premiers ministres provinciaux ont soutenu l’appel à une enquête nationale. L’Enquête nationale sur les femmes autochtones disparues et assassinées a officiellement été lancée en septembre 2016.
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Le rapport final, intitulé Réclamer notre pouvoir et notre place : Le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, a été publié en juin 2019. L’introduction du rapport final est la suivante :
Les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQQIA autochtones au Canada sont victimes de violence depuis trop longtemps. Les faits sont incontestables. Si cette Enquête nationale survient aujourd’hui, ce n’est pas parce que les peuples autochtones ont tardé à prendre la parole; c’est plutôt parce que le Canada, lui, a tardé à prêter l’oreille.
L’Enquête nationale a déterminé les quatre causes profondes de la violence contre les femmes et les filles autochtones :
Événements traumatiques et traumatismes multigénérationnels et intergénérationnels;
Marginalisation sociale et économique aboutissant à une situation d’itinérance, à l’insécurité alimentaire, à la pauvreté, à des obstacles à l’éducation et à l’emploi et au chômage;
Absence de volonté de la part des institutions et des gouvernements d’accomplir des changements réels et significatifs;
Refus de reconnaître les connaissances, les expériences et l’expertise des femmes et des filles autochtones.
S’appuyant sur les recommandations de rapports précédents, l’Enquête nationale lance 231 Appels à la justice pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles autochtones. Certains contiennent les objectifs suivants :
Élaborer un plan d’action national;
Augmenter la présence des femmes autochtones aux postes de gouvernance et de direction;
Établir des programmes communautaires qui prennent en compte les traumatismes;
Favoriser l’accès aux programmes de guérison, à l’emploi et à un logement sûr;
Augmenter la présence des femmes autochtones dans les services de police;
Appliquer des politiques et des procédures normalisées pour enquêter sur les cas de femmes et filles autochtones disparues et assassinées;
Mettre en œuvre des campagnes d’éducation et de sensibilisation consacrées à la violence contre les femmes et les filles autochtones.
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National Action for Justice
Cette section est tirée du rapport Donner vie aux Appels à la justice (2021).
Au Canada, l’histoire et l’héritage du colonialisme sont omniprésents dans presque tous les aspects du droit et du système juridique canadiens. Bon nombre des causes profondes des cas de disparation et d’assassinat épidémiques de femmes et de filles des Premières Nations peuvent être attribuées aux objectifs assimilationnistes qui ont été codifiés dans les lois et politiques nationales. Il est indéniable que les préjugés systématiques de longue date et les opinions racistes existant dans la société canadienne continuent de priver les femmes et les filles des Premières Nations de leurs droits fondamentaux à la sécurité et à une protection égale en vertu de la loi.
Les membres des Premières Nations font continuellement l’objet d’un nombre excessif de contrôles de police, d’inculpations et d’incarcérations dans le système de justice. Il est honteux que les représentants du gouvernement n’aient jamais accordé – et dans de nombreux cas n’accordent toujours pas – le même niveau de financement aux Premières Nations pour des services dans les réserves qu’à d’autres populations. Lorsque des femmes, des jeunes filles et des personnes 2ELGBTQQIA+ des Premières Nations sont portées disparues, les plaintes de leurs familles ne sont pas prises au sérieux, leurs cas ne font pas l’objet d’une enquête appropriée, leurs familles ne sont pas informées des enquêtes menées sur leurs proches, leurs cas sont prématurément considérés comme des accidents et les auteurs ne sont pas appréhendés ou punis de la même manière que dans le cas de victimes non membres des Premières Nations. Pour éliminer ces obstacles et ces inégalités, le rapport final de l’Enquête nationale a formulé les recommandations ci-dessous en matière de pratiques exemplaires.

- Utilisation de descripteurs physiques plutôt que raciaux
- Protocoles d’intervention précoce
- Prolongation de la longueur du maintien en poste des agents
- Mobilisation auprès des membres des communautés (formation et orientations communautaires)
- Étendre et justifier des modèles de sécurité communautaires
- Offrir des options de transport sûres
- Repérer les risques et signaler leur présence suffisamment à l’avance
- Sensibiliser le public
- Mettre à profit la technologie en matière de sécurité
- Favoriser des programmes de justice des Premières Nations, en particulier des modèles fondés sur des approches traditionnelles du droit et de la justice;
- Proposer un choix d’approches de procédure judiciaire
- Augmenter le financement et la formation pour les programmes de justice réparatrice des personnes 2ELGBTQQIA+
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Grassroots Efforts
L’historique des interventions fédérales dans des questions concernant les Premières Nations a montré que les stratégies d’intervention efficaces doivent s’appuyer sur la communauté. Au Canada, on compte de nombreuses initiatives où les Premières Nations veillent à la prévention de la violence dans leurs communautés, protègent les femmes et les filles et sensibilisent le public à la violence faite aux femmes.

- Drag the Red! est une initiative lancée en 2014. Des bénévoles draguent la rivière Rouge, à Winnipeg (Manitoba), à la recherche de femmes autochtones disparues ou assassinées dans le but d’apporter des réponses aux familles.
- Le projet SisterWatch a été créé en 2010 en réponse aux relations tendues entre les femmes autochtones du Downtown Eastside (DTES) de Vancouver et le service de police de Vancouver, qui n’a pas mené d’enquêtes approfondies ou appropriées dans les cas de femmes du DTES disparues ou assassinées.
- Des vigiles Sœurs par l’esprit ont lieu chaque année le 4 octobre pour honorer la mémoire des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées et soutenir leurs familles et leurs proches.
- Le projet REDress est un projet d’installation artistique lancé en 2010 qui vise à fournir une réponse esthétique à une question nationale importante. Les robes rouges sont devenues un symbole poignant et visible de solidarité avec nos proches disparues et leurs familles.
- La Bear Clan Patrol a été relancée en 2015, en tant qu’initiative bénévole ancrée dans les valeurs et les enseignements autochtones pour assurer la sécurité dans les rues de Winnipeg.
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Conclusion
“Les niveaux de violence à l’encontre des femmes autochtones sont une honte nationale. La pauvreté, la toxicomanie, le racisme et le manque de possibilités sont encore trop présents, comme les séquelles intergénérationnelles des institutions résidentielles.
Les nombreuses publications de rapports sur cette question ont permis de dégager un grand nombre de recommandations communes :
Examiner l’ensemble des droits économiques, sociaux, politiques, culturels et civils dont bénéficient les femmes et les filles autochtones au Canada et la manière dont ces droits sont respectés;
Améliorer la communication et la coordination entre les organismes d’intervention d’urgence et les organismes chargés de l’application de la loi des différentes régions administratives, ainsi qu’entre tous les ordres de gouvernement;
Améliorer la prise en compte, l’intervention et l’enquête des services de police dans les cas de violence, de disparition ou de meurtre de femmes et de filles autochtones, ainsi que dans les rapports correspondants;
Fournir des refuges appropriés, des services d’intervention d’urgence et des logements sûrs aux femmes et aux enfants victimes de violence ou craignant des actes de violence;
Fournir des mesures de protection et des garanties claires aux personnes les plus vulnérables, notamment les travailleurs du sexe et les enfants dépendant du système de protection de l’enfance.
Tel que cela est indiqué dans le rapport final de la commission de l’Enquête nationale, les femmes des Premières Nations possèdent les connaissances et les solutions pour mettre fin à la violence, tant sur le plan individuel que communautaire. Ces femmes ne sont pas des données statistiques. Elles ne sont pas non plus des numéros de cas non résolus. Ces femmes sont des filles, des petites-filles, des épouses, des mères, des sœurs, des tantes et des voisines.
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